And the winner is…

Publié le

Comme chaque année, le Festival International des Jeux de Cannes a rendu son verdict et décerné ses As d’Or. Petite présentation des heureux élus !

Cette année et devant les critiques reçues l’année dernière, le jury a innové en attribuant un 4e prix. Traditionnellement, 3 jeux sont primés chaque année. Un pour la catégorie Enfant, un pour les Experts et enfin le prix principal qui se veut tout public.

S’il est assez aisé de concevoir ce qu’est un jeu pour enfants, ou un jeu accessible à tous, la catégorie Expert génère chaque année son lot d’interrogations. En effet, qu’est-ce qu’un jeu Expert ? Si le jury partait du critère de l’accessibilité, plusieurs paramètres pouvaient entrer en ligne de compte : la durée de la partie, le volume de règles à assimiler pour pouvoir commencer à jouer, la technicité pour « bien jouer »… Et c’est bien cet ensemble d’éléments qui rendaient ce prix difficile à lire, notamment pour les joueurs passionnés. Voir en 2021 The Crew (un jeu de plis coopératif) et Tainted Grail (un énorme jeu d’aventures narratif) concourir pour la même distinction brouillait le message auprès des joueurs et du grand public.

Résultat, cette année une 4e catégorie est venue immiscer entre le prix principal et le prix expert : l’As d’Or Initié dans lequel The Crew aurait probablement trouvé sa place l’année dernière, laissant à la catégorie Expert les jeux les plus costauds. A noter qu’entre 2012 et 2015, le jury décernait également un 4e prix, dit « du Jury » leur permettant de mettre en avant des jeux particulièrement originaux ou clivants.

As d’Or Enfant : Phylactère

Dans la catégorie Enfant, c’est Bubble Stories qui s’est imposé notamment devant Pin Pon et Attrape Monstres un sympathique Tower Défense pour les 4 ans. Il s’agit d’un jeu de coopération d’exploration d’histoires. 5 scénarios se trouvent dans la boite. Chacun contient des cartes illustrées avec des bulles mettant en lumière des parties de la scène en renvoyant à d’autres cartes (un peu comme les numéros dans Unlock).

Chaque scénario demande de trouver un certain nombre d’objets ou personnages en se baladant dans l’histoire. Une carte est révélée au centre de la table, puis les joueurs en fonction de leur intuition choisissent une bulle (donc une autre carte à révéler), qui va en appeler d’autres etc. Parfois, la carte retournée sera un des objectifs du scénario (c’est bien), parfois un piège nous amenant petit à petit à perdre la partie (c’est moins bien).
On peut lui reconnaître une certaine originalité dans l’offre ludique pour les plus jeunes, mais force est de constater qu’il n’a pas convaincu les membres de l’équipe.

As d’Or Initié : Des Forest à fond !

3 jeux assez différents étaient en compétition pour ce nouveau prix.

  • Oltrée, un jeu de coopération narratif d’Antoine Bauza que nombre d’entre vous connaissent déjà (7 Wonders, Chasse aux monstresHanabi…) et Le Grümpf (une plume particulièrement prestigieuse du jeu de rôle francophone).
  • Living Forest, un jeu de deckbuilding simple et malin avec un soupçon de prise de risque et 3 conditions de victoire différentes bien équilibrées.
  • Nouvelles Contrées, un coup de cœur pour de nombreux membres de l’équipe. Un véritable OVNI, sorte de Dixit dans lequel on joue avec n’importe quel livre de notre Bibliothèque en parcourant les extraits du texte choisi. Merveilleusement original, frais, malin…

Et Living Forest a été choisi par le jury. C’est un choix très consensuel. Le jeu a été une bonne surprise, mais on ne peut s’empêcher d’être extrêmement déçus pour Nouvelles Contrées. Après Kosmopolit boudé il y a deux ans, voici une nouvelle occasion manquée pour le jury de mettre en avant de fort belle manière le lien entre jeu et culture…

As d’Or Expert : C’est Dune évidence…

Ici, peu de surprise, le favori a remporté le prix. Iki et Les ruines perdues de Narak ne faisaient pas le poids face à la tornade Dune Imperium qui est arrivé chez nous auréolé d’une très belle réputation. Un peu dans la même catégorie que Narak (deckbuilding pour joueurs avec un plateau où les cartes jouées permettent de se placer), il a su tirer son épingle du jeu. Une nouvelle fois, dans l’équipe nous sommes un peu partagés sur ce prix. Le jeu ne nous a pas particulièrement emballé, sans pour autant remettre en cause ses nombreuses qualités.

As d’Or : Archi favori

Enfin, le prix principal, l’As d’Or-Jeu de l’année mettait trois monstres en compétition.

  • Happy City (10000e jeu édité par Cocktail Games à se trouver finaliste de l’As d’Or) est un petit jeu de développement et de construction de ville aux règles simplissimes et aux parties très dynamiques. C’est un très bon jeu qui manque peut-être un peu de fun cependant, ce qui a dû le desservir auprès du jury.
  • Cartaventura, sorte de livre dont vous êtes le héros sous forme de cartes, permet de découvrir la vie et le destin de plusieurs personnages historiques comme Alexandra David Neel. Magnifiquement illustrées, les cartes plongent littéralement dans l’ambiance. En plus, le tout est bien écrit, bien documenté et nous sort des sempiternelles récits médiévaux fantastiques. Ce sont bien les choix éditoriaux particulièrement réussis qui ont permis à cette petite gamme de sortir du lot, car le principe (efficace) du livre dont vous êtes le héros est pour sa part assez classique.
  • Et enfin, près de 10 ans après la consécration pour 7 Wonders, plus de 5 ans après la nomination pour 7 Wonders Duel, Antoine Bauza a récidivé en plaçant son 7 Wonders Architects parmi les finalistes, inscrivant un peu plus cette « licence » comme un des titres phares du jeu au XXIe siècle.

Sans trop de surprise, c’est ce dernier titre qui a remporté le prix tant convoité par les auteurs et éditeurs. Il faut dire que c’est un quasi sans faute. D’une épure et d’une efficacité rarement atteintes, il a su faire taire tous les sceptiques de l’équipe (à part Léo), bien aidé par son édition proche de la perfection. On peut juste regretter de ne pas retrouver Miguel Coimbra aux pinceaux.

Voilà pour cette édition de l’As d’Or-Jeu de l’année de février 2022. Comme chaque année, le prix divise, fait parler mais permet surtout de mettre en lumière de fort belle manière la richesse de la création ludique francophone et internationale.